Playtech identifié comme le client derrière le rapport diffamatoire de Black Cube, chute boursière et bataille juridique avec Evolution AB

La rivalité entre Evolution AB et Playtech a pris un tournant spectaculaire après la confirmation, dans des documents judiciaires américains, que Playtech Software Ltd — filiale de Playtech plc — était le commanditaire du rapport diffamatoire produit en 2021 par le cabinet d’enquête privé Black Cube. Cette révélation a provoqué une chute brutale du titre Playtech et ouvert la voie à l’un des plus grands litiges de l’histoire de l’iGaming.

Selon les informations publiées en octobre 2025, Playtech aurait versé 1,8 million £ à Black Cube pour concevoir et diffuser un rapport fabriqué de toutes pièces accusant Evolution d’avoir permis à ses produits de casino en direct d’être accessibles dans des juridictions interdites comme l’Iran, le Soudan et la Chine. Diffusé anonymement en 2021, le rapport affirmait qu’Evolution violait les sanctions internationales et collaborait avec des opérateurs non autorisés.

Les régulateurs américains — notamment la Division of Gaming Enforcement du New Jersey (DGE) et la Pennsylvania Gaming Control Board — ont ensuite jugé ces allégations « sans fondement objectif ». Le tribunal supérieur du New Jersey a qualifié le rapport de « mensonger et trompeur », rejetant entièrement sa crédibilité.

Evolution a indiqué que Black Cube avait eu recours à des méthodes trompeuses, incluant de fausses identités, des caméras cachées et des enregistrements secrets d’employés actuels et anciens. L’entreprise a dénoncé une campagne délibérée visant à nuire à sa réputation et à influencer l’opinion du marché.
« Découvrir qu’un de nos concurrents a déployé de tels moyens pour endommager notre réputation est profondément choquant, » a déclaré Evolution. « Nous tiendrons Playtech et Black Cube responsables. »

À la suite de ces révélations, l’action Playtech s’est effondrée de plus de 38 % le 21 octobre 2025, enregistrant l’une des plus fortes baisses quotidiennes de l’indice FTSE 250. En quelques heures, la capitalisation de l’entreprise est passée de plus d’1 milliard £ à environ 820 millions £, tandis qu’Evolution gagnait légèrement à la Bourse de Stockholm.

Playtech a rapidement réagi en niant toutes les accusations et en qualifiant la déclaration d’Evolution de « totalement fausse ». L’entreprise soutient que l’enquête de 2021 a été menée légalement « afin de vérifier des questions de conformité et d’intérêt commercial » et accuse Evolution de vouloir détourner l’attention de ses propres problèmes réglementaires.

De son côté, Black Cube a également nié toute faute, affirmant « assumer pleinement ses méthodes d’enquête » et se préparant à défendre son travail devant les tribunaux. Le cabinet assure que ses résultats ont été « obtenus de manière légitime » et « non manipulés ».

Evolution a annoncé son intention d’élargir sa plainte en diffamation dans le New Jersey, en y ajoutant Playtech comme co-défendeur et en réclamant des dommages et intérêts de plusieurs milliards de dollars. Selon les observateurs du secteur, cette affaire sans précédent met en lumière l’usage croissant des cabinets d’intelligence privée dans les rivalités commerciales et soulève de sérieuses questions éthiques dans les secteurs du jeu et de la technologie.

Pour l’heure, les deux entreprises campent sur leurs positions : Evolution affirme sa confiance dans sa stratégie judiciaire, tandis que Playtech se prépare à riposter. Mais les répercussions de cette affaire dépassent largement le cadre de cette rivalité — elles pourraient redéfinir la manière dont les enquêtes privées et les guerres d’image sont menées dans l’industrie mondiale de l’iGaming.